La Société Impériale des Sciences de Lille, Médaille d’Or 1861 !
La Séance Solennelle de la Société Impériale des Sciences, de l’Agriculture et des Arts du 22 décembre 1861 est encore plus remarquable que celle dont le grand public a l’habitude annuelle. L’événement a attiré à Lille une grande partie de la presse nationale, dont le journaliste de l’hebdomadaire L’Illustration : un long article du 8 janvier, joliment illustré par un dessin de l’artiste du Nord Eugène Boldoduc qui offre une vue splendide sur l’intérieur de la Salle du concert, Place du Concert, où ont pris place sous lustres et stucs, les membres de la SSAAL au grand complet face à un public très nombreux. La séance est ouverte par le Président Edmond de Coussemaker, en présence, entre autres, du Maire de Lille, M. Auguste Richebé.
Dès l’ouverture de la séance, le Président provoque dans le public des acclamations de joie en proclamant haut et fort : « La Société Impériale des Sciences, de l’Agriculture et des Arts de Lille vient de recevoir de la main de son Excellence le Ministre de l’Instruction Publique et des Cultes, Mr. Gustave Rouland, la plus haute des récompenses qu’elle pût ambitionner, la toute première Médaille d’Or attribuée à une Société Savante de France », médaille que le Président montre fièrement au public. Dans la salle, le journaliste Edouard de Saint Amour du Journal L’Illustration racontera quelques jours plus tard dans son article combien il était impressionné par la qualité des savants lillois récompensés ce jour là. Il mentionne les médailles des Sciences appliquées, ceux des Sciences médicales, d’Hygiène et d’Histoire remises aux lauréats ; Il cite longuement le lauréat du concours de poésie, médaille d’or décernée à M. Deltombe, instituteur à Orchies qui avait choisi pour sujet « La Bataille de Bouvines, « ce fameux dimanche de Bouvines », puis le journaliste signale un fait particulier de cette séance: la médaille d’or décernée – hors concours – à Alexandre Desrousseaux, le chansonnier lillois. Une dernière récompense concerne les 7 brevets remis aux élèves chauffeurs, car notre Société, toujours à l’avant-garde, avait créé en 1857 une école de Chauffeurs pour former les conducteurs de machines à vapeur, en étroite collaboration avec les industriels lillois.
Parmi les membres présents siège l’infatigable Charles Delezenne (1776–1866), membre depuis 1806 et doyen d’âge. L’initiateur en 1817 à Lille du premier cours d’enseignement de la Physique était une des gloires scientifiques lilloises, comme le souligne dans son édition de 1868 l’annuaire statistique du Nord. Cette admiration s’est traduite plus tard, sur demande de Benoît Damien autre physicien lillois, par la pose d’un buste en bronze de Ch. Delezenne au frontispice de l’Institut de Physique, rue Gauthier de Châtillon à Lille, il est toujours en place, mais le bâtiments accueille désormais l’Ecole Supérieure de Journalisme.
Cette Séance Solennelle se clôt par un chant du Cercle Orphéonique : « Le Départ des Pasteurs », musique d’Armand Limnander, compositeur belge ami du Président de séance.
Dessin de Boldoduc dans l’Illustration (BM Lille cote P 906)