Archives de catégorie : Vendredis de Vera

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10/03/2018

Une baleine et des canards

          Controverse journalistique au sujet des reliques d’un musée disparu

      par André  Dhainaut, invité du Vendredi 16 mars

Les faits exposés ci-dessous impliquent un membre de la SSAAL, le Pr Alphonse Malaquin, conservateur du Musée d’Histoire Naturelle, politiquement proche du Maire de Lille de l’époque et Alex Will, journaliste d’opposition au Réveil du Nord fondé en 1889.

Prémisses. Au 19ème siècle, les collections du Musée d’Histoire Naturelle avaient été l’objet de tribulations complexes. Un premier musée est inauguré en 1822 dans les locaux de l’ancien Palais Rihour (1). En 1855, la SSAAL transfère le Musée à la Ville pour servir à l’enseignement et l’installe rue des Fleurs dans les locaux de la Faculté des Sciences. Le ministre propose que le professeur titulaire de la chaire d’histoire naturelle en soit, de droit, le conservateur. En 1862, la SSAAL est déclarée d’Utilité Publique. Ses nouvelles obligations ne lui permettant plus d’assurer la gestion des musées, celle-ci est dès lors assurée par la municipalité de la ville de Lille.

Début 1913, les locaux de la Faculté des Sciences, rue des Fleurs (où avait travaillé L. Pasteur en 1855-56), sont abandonnés puisque la Faculté a gagné le Quartier Saint-Michel. Les locaux de l’ancienne Faculté étaient intégrés dans un complexe de bâtiments formant initialement le Lycée impérial (rebaptisé Lycée Faidherbe en 1893, démoli vers 1961-62, remplacé par le Collège Carnot en 1964). S’y trouvait aussi le Musée d’Histoire Naturelle dont les collections avaient été déménagées en 1908 pour gagner l’actuel Musée de la rue Malus.

La joute. Début juillet 1913, un article du Réveil du Nord engage une polémique contre la municipalité et le Pr Malaquin au sujet de pièces qui auraient été « oubliées » rue des Fleurs. Sous le titre « Le déluge dans un musée – Une baleine, des fossiles antédiluviens se plaignent des procédés municipaux », le journaliste Alex Will, dénonce l’état dans lequel des pièces de collections auraient été abandonnées sur place : « Lille possède une baleine qui se noie dans les plâtras, des ossements préhistoriques qui se mêlent démocratiquement à la poussière des démolitions, des oiseaux de toutes les latitudes et de tous les âges depuis l’ibis sacré jusqu’au pingouin vulgaire » (2). Ayant raconté ses exploits pour visiter le bâtiment en cours de démolition, le journaliste de conclure : « je me demande où [la municipalité| conduira les vivants quand elle mène à ce sort pitoyable les fossiles dont elle a la charge ».

A. Malaquin lui répond qu’en revisitant le bâtiment, il n’a trouvé que de vieilles pièces sans intérêt dont la restauration n’aurait pas été possible, entre autre une baleine dans un état de vétusté tel que son transport n’était pas envisageable et « un grand cétacé dont les ossements épars attendent depuis bientôt cinquante ans qu’on les réunisse. Mais il faudrait pour cela plusieurs milliers de francs et en outre la construction d’une salle spéciale… ».

Le 14 juillet 1913, la querelle reprend et le journaliste suggère perfidement que « le Maire va, lors de sa prochaine braderie, vendre la ménagerie miteuse dont ne veut plus M. Malaquin. Il espère avec le produit de cette vente payer les dettes du Nouveau Théâtre » (l’Opéra actuel, alors en construction, architecte Louis Marie Cordonnier membre de la SSAAL). Attaques auxquelles Malaquin réplique le jour même par un court droit de réponse dans lequel il suggère : « Si nos vitrines ornithologiques ont perdu leur ibis sacré et leur pingouin vulgaire, le Réveil du Nord pourrait les remplacer s’il consentait à envoyer à notre Musée leur belle collection de canards qu’il doit tenir en réserve ! ».

Epilogue : Le bâtiment et ses « trésors » miteux brûleront en 1915, la rue des Fleurs sera alors englobée dans le boulevard Carnot. Peut-être circulez-vous sur quelques ossements de baleine quand vous l’empruntez – vérifiez sur le plan ci-joint !

(1) Le Palais Rihour, bâti au 15ème siècle par le duc de Bourgogne Philippe Le Bon est acheté au 17ème siècle par la ville qui en fait son Hôtel de Ville. Devenu vétuste, le bâtiment est démoli en majeure partie vers 1846. A son emplacement est construit de 1849 à 1859 un nouvel Hôtel de ville (architecte Charles Benvignat, membre de la SSAAL) qui brûlera en avril 1916.

(2) Ces pièces provenaient vraisemblablement du premier Musée d’Histoire Naturelle hébergé dans l’ancien Palais Rihour. On ne sait pas où ces collections furent entreposées entre la destruction de celui-ci en 1846 et leurs transferts dans les bâtiments de la Faculté des Sciences, rue des Fleurs, en 1855.

Références

  • De larges passages de ce texte sont issus de la publication de Roger MARCEL : Le Musée d’Histoire Naturelle de Lille de 1820 à 1980. in « Contribution à l’Histoire de la Faculté des Sciences 1854-1970» (en ligne, site  ASA-USTL /  Accueil 09 : Histoire de la Faculté des Sciences)
  • André Dhainaut A. 2013, Historique des musées scientifiques lillois et de leurs collections (Archives du Musée d’Histoire Naturelle de Lille)

– Un Vendredi de Véra, le 16 Février 2018

Le Fonds Lefebvre de la Bibliothèque Municipale de Lille

Léon Lefebvre est  titulaire de notre Société depuis 1893, trésorier de 1904 à 1910. Imprimeur de « père en fils », il est connu pour ses nombreuses publications racontant l’Histoire des Théâtres de Lille, des origines aux débuts du XXème.

De son entrée dans notre Société jusque 1913, il a tout classé à titre personnel  ; convocations, compte-rendus, « Appel à candidature pour la Bourse Wicar », programmes des Séances Solennelles, propositions de dîner dans le meilleur restaurant  de l’époque (le Divoir) …

Quelques Hauts Faits choisis dans ce fonds des années 1909-10 : la SSAAL répond régulièrement favorablement aux demandes de souscriptions : commémoration de la bataille de Malplaquet 200 ans plus tôt, statue du maire André Place du Concert à Lille, de Berthelot devant le Collège de France, de  Pasteur (président de la SSAAL en 1857) dans sa ville natale de Dole : la Société fait par souscription un don de 50 francs, 200 € 2018). Elle participe aussi à diverses publications comme celle de l’ouvrage en 5 volumes «  La Peinture au Musée de Lille » par  F. Benoit (membre de notre Société). Elle prête encore son concours à deux ouvrages de création  qui, selon le compte rendu, « font l’honneur de la ville » : La Revue du Nord  et La Revue Germanique.

En 1906, notre Société fait don à la ville des 30.000 volumes (!) de sa bibliothèque en échange d’une salle de réunion à l’Hôtel de Ville, Place Rihour ; 600 francs de l’époque sont engagés en 1909 pour son embellissement – mais tout disparaitra dans l’incendie de 1916…

1909 toujours, notre Société édite à ses frais la superbe carte géologique du Nord réalisée par H. Douxami (membre de la SSAAL) et M. Leriche sous la direction de J. Gosselet, offerte aux Membres de la Société de Géologie du Nord, disponible sur le site numérique de l’IRIS.

1909 encore : le Président de la SSAAL, Mr Bigo-Danel, Vice-Président de la Compagnie des Mines de Lens invite les membres à prendre le train pour leur faire découvrir sa dernière acquisition : un puits en activité.

La Bourse Wicar reste à l’Ordre du Jour : la lauréate 1910 est Mlle Hauterive Notre consul à Rome se demande si la nomination d’une femme comme pensionnaire Wicar est conforme au testament. La SSAAL lui répond qu’elle est absolument conforme.

1910 s’achève en musique avec la Séance Solennelle du 18 décembre dans la salle des fêtes

de la Société Industrielle avec le concours de l’orchestre du Grand-Théâtre de Lille. Discours d’A. Calmette, Président de la SSAAL : « Ce que Pasteur doit à Lille, ce que Lille doit à Pasteur », le texte (pages 3 à 12) est (pages 3 à 12).

Illustrations : Fonds Lefebvre, 1 carton Société des Sciences – 1893 à 1906  et  1 carton Société des Sciences,  1907 à 1913 Bibliothèque Municipale, Lille ; carte de géologie  en ligne sur le site de L’IRIS

– Un Vendredi de Véra, le 19 janvier 2018

HONNEUR AUX FEMMES !

Ont dû s’exclamer en chœur MM. Fée, Vaidy et Guillot, présidents successifs de la SSAAL (1828-1830) lorsqu’ont été élues 2 membres correspondants  féminins. La première admise fut Marie-Anne Libert, née en 1782 à Malmedy (Belgique). Passionnée de botanique, elle publie dès 1826 dans le Bulletin de la SSAAL le résultat de ses recherches «Mémoire sur des cryptogames observées aux environs de Malmedy»,  tableau méthodique du règne végétal de la circonscription de Liège. Elle est non seulement l’auteur de la collection «Les plantes Cryptogames», 4 fascicules parus vers 1830 sur les lichens, algues, champignons et fougères, et dès 1845 elle donne aussi une description détaillée du champignon responsable de la maladie de la pomme de terre, étant ainsi l’un des premiers à identifier la responsabilité du mildiou. Elle meurt  en 1865 à 83 ans. Le « Cercle naturaliste de la région de Malmedy » fondé en 1951, s’intitule aujourd’hui: « Cercle Royal Marie-Anne Libert ».

Un Vendredi de Véra, le 19 janvier 2018 | Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts de Lille

La seconde, admise en 1829, est femme de lettres : Albertine Clément-Hémery, née à Cambrai en 1778. Incontestablement femme émancipée dans la droite ligne de Madame de Staël, ses mémoires (1832) nous apprennent qu’elle étudie depuis ses 14 ans dessin et peinture à Paris dans l’atelier de J-Baptiste Regnault (mort en 1829). Ses souvenirs décrivent avec pittoresque l’intérieur de cet atelier de dessins (1792/93) qui deviendra le plus grand espace de formation artistique ouvert aux femmes à Paris, où iront s’initier plus de 30 élèves  de 14 à 25 ans. Veuve à 19 ans, Albertine participe  dès 1797 à l’élaboration du  Journal des dames et des modes. Très vite, ce journal devint le médium privilégié d’une observation ironique de la société où elle défend régulièrement l’émancipation de la femme, journal qu’elle dirigera pendant 30 ans dont elle assume la rédaction. Visiblement elle possède une solide expérience journalistique puisqu’elle dirige deux autres journaux : le Sans-Souci et Le Démocrate français, journal de politique, de littérature et de spectacles. Elle aura l’occasion d’exprimer ses convictions féministes dans un virulent pamphlet publié en 1801, écrit en une nuit :  « Les Femmes vengées de la sottise d’un philosophe du jour ou Réponse au projet de loi de Monsieur Sylvain Maréchal portant défense d’apprendre à lire aux femmes » (fig. ci-dessous). Dans ce pamphlet fort amusant, elle répond point par point à l’auteur qui mettait en garde en une centaine de pages contre « Les risques que court l’innocence d’une jeune fille livrée aux leçons d’un grammairien». Réponse d’Albertine : « C’est pourquoi, il est urgent de former des institutrices éclairées, qui prémunissent les jeunes filles contre les séductions d’un sexe perfide, qui ne respecte ni l’innocence, ni la vertu».  Vers 1829, elle revient vivre auprès de son père à Avesnes / Helpe où elle va se consacrer à l’éducation des jeunes filles et à la publication de nombreux manuscrits tels que Promenades dans l’arrondissement d’Avesnes (1829).  En 1843, la SSAAL lui décerne une médaille pour son mémoire « Recherches sur la fête des trente-un rois à Tournay « . Elle meurt en 1855 à 77 ans, laissant derrière elle une bibliothèque d’environ 2.600 volumes.

Un Vendredi de Véra, le 19 janvier 2018 | Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts de LilleProjet d'une loi portant défense d'apprendre à lire aux femmes (1801). Suivi de Réponses de Marie-Armande Gacon-Dufour et Albertine Clément-Hémery - Librairie Mollat Bordeaux

 

– Un Vendredi de Véra, le 15 Décembre 2017

La Société des Amateurs des Sciences et des Arts 

devient

La Société des Sciences, de l’Agriculture et des Arts

 

Le 4 novembre 1819, M. de Muyssart, Préfet du Nord rend l’arrêté suivant :

Vu la circulaire de son Excellence le Ministre de l’Intérieur en date du 14 août 1819, relative à l’institution d’une société d’agriculture dans chaque chef-lieu d’arrondissement ;

Considérant qu’il existe déjà à Lille une Société d’Amateurs des Sciences et Arts, qu’elle s’est déjà occupée d’économie rurale et qu’elle consent à comprendre l’agriculture au nombre de ses travaux ;

Arrêtons ce qui suit : 1° La Société des Sciences et Arts existant à Lille tiendra lieu de la Société d’agriculture de l’arrondissement de Lille ; elle prendra le titre de Société des Sciences, Arts et Agriculture. (cf. Anatole de Norguet «  Histoire de la SSAAL de 1802 à 1860 »).

Avec leur sérieux coutumier, les membres de la SSAAL, sous la présidence de   J-V. Vaidy forment aussitôt une commission chargée d’accueillir les nouveaux membres issus du monde rural – à l’époque cela ne se faisait pas sans longues discussions internes -, on admet finalement plus de grands propriétaires terriens que de simples cultivateurs.  Le sujet de l’agriculture a très intensément occupé notre Société de 1820 à 1856 et en particulier lors de la distribution des prix en faveur de l’économie rurale (à partir de 1856 le Comice Agricole prendra le relai). Lors de la séance solennelle de 1827, le Président J. Macquart insiste sur les « deux branches de notre prospérité rurale que la SSAAL a particulièrement en vue dans l’arrondissement de Lille : celle du houblon et le concours ouvert pour améliorer la race ovine ».  Il ajoute « la qualité bien grossière de nos laines avait engagé la Société à exciter l’introduction de béliers étrangers dans l’espérance d’améliorer cette branche ». A la grande déception de tous, une première tentative d’introduire les races anglaises et hollandaises est restée sans résultat. Aussitôt et sans se décourager, la Société lance un nouvel appel aux propriétaires de troupeaux pour le concours de 1828.

L’aide viendra d’un membre correspondant extérieur, qui n’est autre que le vicomte Sosthène Ier de la Rochefoucauld, directeur des Beaux-Arts auprès du roi Charles X, mais manifestement un gentleman-farmer (son portrait ci-dessous, par F-J Heim, au Louvre). Il fait don à la Société

Royale des Sciences, des Arts et de l’Agriculture de Lille d’un superbe bélier anglais du New-Leicester. L’impulsion est donnée et M. Champon-Dubois, propriétaire éclairé, va acquérir d’autres bêtes de la même race (que le bélier).

Et voilà comment les Arts ont volé au secours de l’Agriculture !

Mais l’attribution de l’Agriculture dans notre rôle ne se fait pas sans heurts

Dans sa publication, A. de Norguet se fait l’écho de quelques frictions survenues en 1841 à propos de la subvention versée annuellement par le Conseil Général à la SSAAL pour soutenir son engagement vers le monde rural. Un rapide calcul montre que, depuis 1820 la Société a reçu 4 fois : du Département 2.300 francs et du Gouvernement 3.500 francs, total : 38.000. Mais, fait valoir la Société, elle a décerné pour 47.535 francs de primes, 118 médailles d’or ou d’argent, et une très grande quantité d’instruments d’honneur. Le Conseil Général pose alors une question assez délicate qui vise directement la Société : Faut-il dépenser dans des publications agricoles ? Et le Conseil de se répondre à lui-même : « Non  car le cultivateur ne lit pas ». « Si, Il lit ! » lui rétorque la SSAAL « et les livres faits non par des hommes étrangers à la pratique, mais par ceux qui véritablement savent produire, nous semblent devoir être profitables. » La Société s’est trouvée heureuse de pouvoir concourir à fonder des bibliothèques rurales, et elle l’a fait avec empressement. Elle se trouve heureuse de répandre des connaissances dans les campagnes au moyen de ses publications agricoles, parce qu’elles ont produit un bien qu’on ne saurait nier. Elle met ces publications dans les mains de ses associés, qui, assurément, sont bien capables de les comprendre et de les méditer, et qui savent bien ensuite à qui les confier. Ces petits livrets sont comme les jetons de présence qui attestent l’affiliation des agriculteurs à une Société laborieuse et scientifique, c’est dans ces cahiers que sont décrites les nouvelles cultures que nos associés ont entreprises et qu’ils montrent à leurs voisins ; c’est là que sont mentionnées les distinctions et les récompenses qu’ils ont obtenues.  « Louer et faire connaître, ce que les praticiens ont tenté, leur donner un moyen de propager les bonnes méthodes, en leur laissant le mérite, nous semble être ce qui attache le plus fortement à la Société les hommes qu’il importe d’inviter à prendre part à nos discussions. Nous pensons donc qu’il n’est pas possible de proscrire les publications agricoles, nous en avons obtenu les plus heureux résultats. »

Juste pour mémoire les prix décernés pour 1828 aux Agriculteurs :

– Trois médailles pour les houblonnières les mieux cultivées : l’une d’une valeur de 200 francs à M. Lecomte-Lepoutre (de Bousbecque), l’autre à M. Descamps (à Croix), et une d’une valeur de 150 francs à M. Leroi (à Houplines),

– Un prix de 150 francs à M. Masquelier propriétaire du plus beau taureau présenté au concours,

– Un prix de 100 francs à M. Hochart (d’Allennes), propriétaire du second plus beau taureau,

– Un prix de 100 francs à M. Masquelier-Boet pour avoir présenté la plus belle génisse hollandaise née dans l’arrondissement,

– Quatre prix de 50 francs chacun à MM Potier-Casetan, Houzé de l’Aulnoit, Masquelier-Boet et Labbé, propriétaires des génisses les plus belles après les précédentes.

 

– Un Vendredi de Véra, le 16 novembre 2017

EXPOSITIONS DE SOUVENIRS, 1955

 Cette année-là se tient à Lille du 29 mai au 4 juin le 80ème Congrès des Sociétés Savantes de France.  La SSAAL est très impliquée dans l’accueil des 300 congressistes et dans l’élaboration du programme scientifique et culturel. Le Président en est alors Joseph Kampé de Fériet, célèbre mathématicien, fondateur de l’Institut des Mécaniques des Fluides de Lille – ce qui ne l’empêchera pas de présenter à la SSAAL lors de sa séance du 8 mars 1957 un récit fort documenté sur Le Séjour de la Famille Mozart à Lille.

La cérémonie d’ouverture du 80ème Congrès se déroule dans la grande salle des examens de la Faculté de Droit, rue Paul Duez, sous la présidence du Recteur Souriau.

Le programme culturel invite les congressistes à la découverte d’une « Exposition de Souvenirs » de la SSAAL au Palais des Beaux-Arts de Lille. Son conservateur, Pierre Maurois (qui sera l’année suivante Président de la SSAAL) a l’excellente idée d’y faire exposer de nombreuses pièces de souvenirs de 49 de ses membres (sur les 400 entre 1802 et 1955). Le catalogue, sans illustrations (car trop coûteuses), présente dans l’ordre alphabétique, de A comme Edouard Agache-Kuhlmann à W comme Aimé Witz,  diverses pièces,  prêtés de la Faculté des Sciences, du Musée de Lille, de la Bibliothèque Municipale, du Musée industriel et commercial, des Archives Départementales du Nord, de la Faculté Libre, du Musée d’Histoire naturelle,  de la Société Industrielle (en 1955 la SSAAL y est encore hébergée pour ses séances, au 116 rue de l’Hôpital Militaire), mais aussi de particuliers.

Les   objets  exposés dans des vitrines (figures ci-dessous) racontent la passionnante histoire de notre SSAAL :  portraits des membres (peints ou photographiés selon les époques), une lettre d’E-L Malus adressée aux membres de la SSAAL et datée de son départ de Lille le 8 germinal de l’an XII1, (voir fig) une lettre de S. Bottin à sa fiancée, le microscope utilisé par L. Pasteur dans son laboratoire de Lille, l’épée et le bicorne de L. Faidherbe, les albums de photos « Voyage en Egypte par Maxime du Camp » imprimés en 1852 dans son imprimerie à Loos par L. Blanquart-Evrard (voir fig), la canne et le marteau du géologue J. Gosselet. Bien entendu, la SSAAL a sorti de ses propres archives un échantillon de précieux documents et souvenirs :  Registre des délibérations de la Société 1802–1817, Etat des dépenses en 1810, Correspondance administrative relative à l’érection de la Société des Sciences en Société Royale 1828-1829, Palmarès de la distribution des Prix de la Société année 1825, Fête du Centenaire de la Société,  Programme de la séance solennelle de 1902, Invitation et menu du Dîner du Centenaire, Invitation au Dîner Annuel 1910,  Menus des années  1908–1909–1910–1912 (voir fig), Jetons et médailles de la Société.

La presse locale a donné un large écho aux différents évènements aussi bien scientifiques que culturels. Sur les photos publiées alors on voit au Palais des Beaux Arts les congressistes écoutant attentivement Kampé de Fériet et Pierre Maurois qui évoquent avec force détails le souvenir des 49 membres de la SSAAL dont les objets, leur appartenant jadis, ont retrouvé une nouvelle vie, le temps du Congrès à Lille des Sociétés Savantes.

(1) Le 29 mars 1804

 

 

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– Un Vendredi de Véra, le 22 septembre 2017

La Société Impériale des Sciences de Lille,  Médaille d’Or 1861 !

La Séance Solennelle de la Société Impériale des Sciences, de l’Agriculture et des Arts du 22 décembre 1861 est encore plus remarquable que celle dont le grand public a l’habitude annuelle. L’événement a attiré à Lille une grande partie de la presse nationale, dont le journaliste de l’hebdomadaire L’Illustration : un long article du 8 janvier, joliment illustré par un dessin de l’artiste du Nord Eugène Boldoduc qui offre une vue splendide sur l’intérieur de la Salle du concert, Place du Concert, où ont pris place sous lustres et stucs, les membres de la SSAAL au grand complet face à un public très nombreux.  La séance est ouverte par le Président Edmond de Coussemaker, en présence, entre autres, du Maire de Lille, M. Auguste Richebé.

Dès l’ouverture de la séance, le Président provoque dans le public des acclamations de joie en proclamant haut et fort : «  La Société Impériale  des Sciences, de l’Agriculture et des Arts de Lille vient de recevoir de la main de son Excellence le Ministre de l’Instruction Publique et des Cultes,  Mr. Gustave Rouland,  la plus haute des récompenses qu’elle pût ambitionner, la toute première Médaille d’Or attribuée à une Société Savante de France », médaille que le Président montre fièrement au public. Dans la salle, le journaliste Edouard de Saint Amour du Journal L’Illustration racontera quelques jours plus tard dans son article  combien il était  impressionné par la qualité des savants lillois  récompensés ce jour là. Il mentionne les médailles des Sciences appliquées, ceux des Sciences médicales, d’Hygiène et d’Histoire remises aux lauréats ; Il cite longuement le lauréat du concours de poésie, médaille d’or décernée à M. Deltombe, instituteur à Orchies qui avait choisi pour sujet « La Bataille de Bouvines, « ce fameux dimanche de Bouvines », puis le journaliste signale un fait particulier de cette séance: la médaille d’or décernée – hors concours – à Alexandre Desrousseaux, le chansonnier lillois. Une dernière récompense concerne les 7 brevets remis aux élèves chauffeurs, car notre Société, toujours à l’avant-garde, avait créé en 1857 une école de Chauffeurs pour former les conducteurs de machines à vapeur, en étroite collaboration avec les industriels lillois.

Parmi les membres présents siège l’infatigable Charles Delezenne (1776–1866), membre depuis 1806 et doyen d’âge. L’initiateur en 1817 à Lille du premier cours d’enseignement de la Physique était une des gloires scientifiques lilloises, comme le souligne dans son édition de 1868 l’annuaire statistique du Nord. Cette admiration s’est traduite plus tard, sur demande de Benoît Damien autre physicien lillois, par la pose d’un buste en bronze de Ch. Delezenne au frontispice de l’Institut de Physique, rue Gauthier de Châtillon à Lille,  il est toujours en place, mais le bâtiments accueille  désormais l’Ecole Supérieure de Journalisme.

Cette Séance Solennelle se clôt par un chant du Cercle Orphéonique : «  Le Départ des Pasteurs », musique d’Armand Limnander, compositeur belge ami du Président de séance.

Dessin de Boldoduc dans  l’Illustration (BM Lille cote P 906)