Hippolyte Surmont, Fondateur de la Gastro-Entérologie lilloise.
Hippolyte, Octave Surmont est né le 2 décembre 1862 à Tournai, Belgique, de mère belge et «libérale» et de père français et «catholique» notaire à Saint Pol sur Ternoise. Il fait ses études à Saint Pol puis à Douai, il s’inscrit à la faculté de médecine de Lille en 1879. Reçu premier au concours de l’internat 1884 il mène un travail de recherche dans le laboratoire du professeur Wertheimer (1); est nommé assistant en 1887, chef de clinique en 1891. Il se rend alors à Paris pour préparer le concours d’agrégation de médecine ; il participe durant deux ans aux travaux des professeurs Hayem et Gilbert reconnus comme les fondateurs de l’Hépatologie Française. En 1892 H. Surmont est agrégé de pathologie interne, de retour à Lille il est nommé chef de laboratoire des cliniques. De 1894 à 1898 il prend en charge le «Pavillon d’isolement» localisé à l’hôpital de la Charité, inauguré en 1877 par l’Impératrice Eugénie.
En 1896 il est nommé titulaire de la Chaire d’Hygiène qui sous son impulsion se développe de façon remarquée. Elève du physiologiste Wertheimer, adepte de Claude Bernard il unit dans cette chaire l’enseignement de la pathologie interne et celui de la pathologie expérimentale. Il effectue une « tournée » des principales universités européennes afin de comparer les installations, outils et les matériels afin d’améliorer son laboratoire. En 1919 la commission des Hospices reconnaissait «l’utilité d’un service aux malades souffrant d’affections de l’appareil digestif». Deux salles de l’hôpital Saint Sauveur (2) étaient affectées «aux filles publique syphilitiques» : salle Saint Come 20 lits, Saint Damiens 19 lits. Durant la Première Guerre Mondiale les Allemands occupent l’Hôpital Saint Sauveur et en interdisent l’accès aux médecins et … aux malades ! Le pavillon Saint Come était donc vacant en 1919. Hippolyte Surmont demande à la Commission Administrative des Hospices l’autorisation d’y ouvrir une consultation.
En 1920 il y assure la 1ère consultation de Gastro-Entérologie. Les locaux sont médiocres mais H. Surmont est parvenu à récupérer une installation radiologique de l’Armée, grâce au soutien de Charles Delesalle et de Gustave Delory.
H. Surmont développe les «examens complémentaires» en particulier les prélèvements par tubage gastrique à jeun et suivant un repas d’épreuve. Il organise un remarquable suivi des patients, une continuité des soins reposant sur des visites à domicile pour les malades indigents. Huit mois après son ouverture cette unité de soins prenait en charge plus de 1.600 malades !
En 1923 H. Surmont obtient une nouvelle installation radiologique et en 1928 la construction d’un bâtiment annexe comportant une 2ème consultation, 1 salle de radiologie, un «déshabilloir» et une salle de 18 lits. Le registre des délibérations de la Commission Administrative des Hospices rend compte des difficultés rencontrées par H. Surmont pour développer ses activités, de son opiniâtreté et combien il était animé par ses responsabilités et son sens du «service public».
H. Surmont en parallèle développe ses travaux expérimentaux (benzonaphtol, génésérine, génétropine, sels de Bismuth, alumine…; bactériologie des colites, auto-vaccins dans le traitement du cholécystites…)
En 1932 est organisé le jubilé du professeur H. Surmont. Les principaux membres des Hospices, de la Faculté se succèdent pour retracer la carrière de H. Surmont et marquer leur admiration et leur reconnaissance. Sur la liste des souscripteurs figurent le nom de plus de 300 confrères.
Hippolyte Surmont prend sa retraite en 1933, la Commission administrative des Hospices, dans sa séance du 17 novembre 1933 décide, en lui reconnaissant «les services éminents par lui rendus… que le bâtiments affecté à la clinique des maladies digestives portera désormais le nom de Pavillon Surmont».
H. Surmont décède le 7 avril 1944.
Il devint membre de la SSAAL en 1904, président en 1922 et membre honoraire en 1929
Bernard Dupuis
Bernard Dupuis (membre titulaire SSAAL en 1981, honoraire depuis 2011) est l’arrière-petit fils d’Hippolyte Surmont
(1) Le Prix Wertheimer est fondé par la SSAAL en 1926 en souvenir de l’éminent professeur de physiologie de la Faculté de Médecine de Lille, Emile Wertheimer (1852-1924), membre de la Société des Sciences, de l’Agriculture et des Arts de Lille depuis 1904. Ce prix est attribué à un jeune médecin faisant des travaux en lien avec la physiologie.
(2) L’Hospice Saint Sauveur, anciennement hôpital Saint Jean est fondé au XIIIème siècle par la comtesse Jeanne de Flandre et de Constantinople au cœur du quartier Saint Sauveur qui deviendra au XVIIème siècle le quartier des couvents. Au XIXème siècle ce quartier attire une population d’ouvriers qui y vivent dans des conditions misérables, immortalisé notamment par le chansonnier Alexandre Desrousseaux, habitant ce même quartier, au 120 rue Saint Sauveur.